Cette enluminure porte la date "1582".
Énée, vêtu de rouge, reçoit des mains de son fils Silvius une branche de l'Arbre de Vie afin qu'elle le protège lors de son passage par la putréfaction et le feu purificateur des Enfers. Cela se passera bien puisque l'on sait, par Trismosin, que la tête du Corbeau est passée au blanc.
Les trois personnages portent des vêtements aux couleurs principales de l'alchimie : noir (le commencement), blanc (l'étape intermédiaire) et rouge (la perfection). Le jeune homme se tient sur les 6ème et 7ème barreaux d'une échelle dont les sept degrés correspondent aux sept planètes et aux métaux qui leur sont associés.
Les oiseaux en plein vol symbolisent la volatilisation (sublimatio). La coloration noire affectée au Corbeau (corps beau) est l'hiéroglyphe du caput mortuum de l'Œuvre, première manifestation de la dissolution, de la séparation des éléments et de la génération future du Soufre, principe colorant et fixe des métaux. La tête blanche du Corbeau renvoie probablement à une évaporation laissant des résidus solides dans le matras. Elle désigne pour l'alchimiste le passage de l'Œuvre au Noir (nigredo) à celle de l'Œuvre au Blanc (albedo).
En pied, la vue sur des femmes au bain rappelle l'épisode de Bethsabée dans l'Ancien Testament.