Les images employées dans les Noces Chymiques, dans leur majorité, appartiennent au langage spagyrique, celui des alchimistes opératifs. Leur multiplicité, leur fréquence, leurs reprises tout au long du roman ne peuvent être l'effet du hasard. La manière dont elles se suivent et s'enchaînent nous permet d'y retrouver la description détaillée d'un processus alchimique traditionnel. Dans Psychologie et Alchimie, Carl Gustav Jung, l'un des meilleurs connaisseurs de la littérature alchimique, appuie sa thèse sur le titre du conte d'Andréae et sur l'énigme du nom de la belle dame que rencontre Christian Rosencreutz : Alchimia. Un parallèle évident semble se dessiner également entre l'œuvre rosicrucienne et les magnifiques gravures de l'Atalantafugiens, un ouvrage écrit par Michael Maïer, mort à Magdebourg en 1622 : mêmes personnages mythologiques et royaux, même décor champêtre de montagne, de mers et de lacs, même bestiaire, mêmes costumes, même mélange d'érotisme et de cruauté. Andréae aurait-il lu, voire connu celui qui, le premier, rapprocha systématiquement la philosophie alchimique de la mythologie égyptienne, grecque et latine ? Nul ne pourrait l'affirmer.