Alors que Christian Rosencreutz hésite sur la route à suivre, celle-ci se trouve déterminée par la rencontre fortuite d'un corbeau avec la colombe à laquelle il jetait les miettes de son pain. Les deux oiseaux, se poursuivant, s'envolent vers le midi, direction dans laquelle notre héros les suit. Le mythe de la blanche colombe se retrouve en maints auteurs. Jean d'Espagnet, employant la même allégorie, dit que l'entrée du Jardin des Hespérides est gardée par des bêtes féroces qu'on ne peut adoucir qu'avec les attributs de Diane et les colombes de Vénus. Philalèthe fait de fréquentes allusions à ces colombes et ce sont encore ces gracieux oiseaux que le doux Virgile nous décrit, volants vers Énée, puis vers l'arbre double où il cueillera le rameau d'or qui doit lui permettre l'accès des Enfers. Rappelons, à ce propos, que les Enfers et tout l'Empire souterrain sont soumis à Pluton qui est aussi le dieu des Richesses. Le symbole de l'oiseau est fréquemment utilisé en spagyrie pour évoquer la sublimation, la volatilisation, opération indispensable de l'Œuvre. Le corbeau désigne la couleur noire que prend la matière chauffée dans son premier stade (c'est la caput corvi ou la nigredo). La colombe ou le cygne indiquent la couleur blanche qui précède le stade final de la rubification. Plus généralement, le corbeau symbolise la matière, et la colombe le pneuma, l'esprit.