S'il est une pratique qui caractérise le shî'isme, c'est bien que le Coran doit, avant tout, être interprété. L'interprétation suppose une vision symbolique des choses qui délivre de la saisie immédiate de chacune d'elles, qui libère de l'appréhension spontanée de chaque parole. Toute réalité a un envers et un endroit, une apparence et une signification dérobée, un exotérique et un ésotérique. Hormis le secret insondable de l'essence divine, tout est dit dans le Coran et tout mérite donc d'être interprété. Mais si tout est dit, si le Verbe et l'Impératif de Dieu s'y déploient intégralement, la tâche d'interprétation ne peut qu'être infinie et inépuisable.
Le sens caché du Livre est explicitement la fonction messianique de l'Imâm, du "Coran parlant", car Dieu se fait le modèle absolu de la fonction de l'imâm. Pour le fidèle shî'ite, il s'agit donc de comprendre le sens caché du Coran et celui de la Création pour se modifier, se convertir et purifier son existence afin de la conformer au modèle idéal de l'imâm. L'exégèse shî'ite confirme toujours ce qu'elle prétend être : une méditation sur la guidance spirituelle, sur l'homme intérieur et son destin.
Cependant, les shî'ites duodécimains insistent sur le fait que l'exégèse ne dispense pas d'accomplir les commandements exotériques, le culte religieux, et de vivre en paix dans la société.