D'ici là, les musulmans devront se contenter de la version censurée et déformée de la vulgate ‘uthmânienne. Le judaïsme et le christiannisme, pour ne prendre que ces deux exemples, ont eu, eux aussi, leurs Écritures falsifiées après la mort de leurs fondateurs, et leurs initiés furent isolés puis persécutés par une majorité d'ignorants, usurpateurs de pouvoir.
Ainsi, entre les deux sources fondatrices, le Coran et le hadîth, les Rationnalistes accordent leur confiance à la première, le Coran, et les Traditionnalistes plutôt à la seconde, le hadîth. C'est dire combien cette question a depuis toujours été un sujet de débats parmi les savants shî'ites, et ce jusqu'à nos jours.
Du côté sunnite, les savants semblent s'être désintéressés du sujet jusqu'au XXe siècle lorsque les polémiques refirent surface avec force lors de quelques tentatives de rapprochement entre shî'ites et sunnites à partir des années 1950. Les attaques sunnites ont redoublé de violence après la Révolution islamique d'Iran en 1979, surtout de la part des wahhabites saoudiens et pakistanais se réclamant du sunnisme hanbalite, l'école la plus rigoriste.