Les Adversaires, l'Ennemi de l'imâm et ses partisans, pour utiliser des termes techniques shî'ites, ne sont donc pas forcément des païens, des incroyants ou les adeptes d'autres religions, mais ceux qui rejettent l'ésotérique de la religion en rejetant le Guide initié et initiateur de celle-ci en la personne de l'imâm. Ainsi, sur le plan purement doctrinal, un shî'ite initié se sentira plus proche d'un initié à l'ésotérisme du judaïsme et du christianisme que d'un musulman sunnite exotériste, considéré comme un adversaire.
Dans un contexte de lutte acharnée et violente, fondée sur une conception radicalement dualiste, deux facteurs sont essentiels qui ne manqueront pas d'attirer notre attention. D'abord la discrétion. En effet, afin de protéger sa propre vie et sa propre sécurité, celle de son Guide et de ses compagnons ainsi que l'intégrité de sa doctrine, la garde du secret, la discipline de l'arcane est une obligation canonique pour le shî'ite. Sous le gouvernement de Satan, qui caractérise l'humanité adamique, le dévoilement des enseignements secrets ne suscite pas seulement incrédulité ou raillerie, mais incompréhension, anathème, persécution et violence.
Ensuite, quelque chose relevant de l'ordre du sentiment, de l'intention profonde, le fidèle shî'ite est constamment appelé à un amour sans faille, à une fidélité à toute épreuve et à une soumission consentie envers son imâm, autant de vertus requises d'un disciple à l'égard de son maître qui font, par là même, des initiés de véritables frères. Grâce à l'enseignement spirituel et aux pratiques initiatiques, cet amour de l'imâm peut se cristalliser, au niveau du cœur, sous forme d'une "énergie" lumineuse appelée la "Lumière de la walâya", la mission sacrée des imâms.