« Je meurs par mes propres plumes. »
Plainte ultime du cygne, majestueusement posé sur l’eau calme d’un étang, dont le col est traversé d’une flèche. L’oiseau, en effet, fournit l’une des matières de l’arme qui servira à le tuer ; l’empennage de la flèche, assurant sa direction, la rend précise, et les plumes du cygne, remplissant cet office, contribuent ainsi à le perdre. Ce bel oiseau, dont les ailes sont emblématiques de la volatilité, et la blancheur neigeuse l’expression de la pureté, possède les deux qualités essentielles du mercure initial ou de l’eau dissolvante. Il doit être vaincu par le soufre, – issu de sa substance et que lui-même a engendré, – afin d’obtenir, après sa mort, ce mercure philosophique, en partie fixe et en partie volatil, que la maturation élèvera au degré de perfection du grand Élixir. Il faut tuer le vif si l’on désire ressusciter le mort ; c’est pourquoi le bon artiste n’hésitera pas à sacrifier l’oiseau d’Hermès, et à provoquer la mutation de ses propriétés mercurielles en qualités sulfureuses, puisque toute transformation reste soumise à la décomposition préalable et ne peut se réaliser sans elle.