Le mot "fou" vient du latin classique follis apparu vers 1080 dans la Chanson de Roland. Follis : "soufflet pour le feu ; outre gonflée ; ballon plein d'air ; bourse de cuir" a pris, par métaphore, le sens d'"idiot, sot, déraisonnable". Souvenons-nous de l'expression : "Quel ballot !" Dans l'art, les manuscrits et les gravures, la misère et l'errance étaient très souvent figurées par des personnages, portant besace et bâton, avec des vêtements en lambeaux, accompagnés de chiens. Curieusement, notre vagabond porte un costume de bouffon. Les bouffons n'apparaissent pas avant le XIVe siècle mais, par la suite, on les retrouve partout, auprès des rois et des princes, mais aussi des seigneurs, des évêques. À la cour, le Fou est celui qui a un pouvoir sur le Roi, le privilège de dire ce que les autres ne peuvent pas lui dire : il fait contrepoids à la courtisannerie. La symbolique du Fou rejoint celle du bouc émissaire, celui qui est chargé des fautes de toute la communauté, puis rejeté. Les mythes du Juif errant, du fils prodigue, de Robert le Diable ou encore de Saint-Roch peuvent être rapprochés de cette lame du Fou. L'homme marche sur le chemin de l'évolution avec insouciance et sans arrêt, portant le poids de ses acquis bons ou mauvais, stimulé par le tintement des pensées, des soucis du moment ou des instincts inférieurs, jusqu'au moment où il aura su réaliser l'équilibre signifié par la lame "le Monde".