Le mot "monde" est apparu au XIIe siècle, venant du latin mundus. Si mundus désignait bien à l'origine le globe terrestre, la signification a ensuite évolué. Ici "monde" ne désigne pas la planète Terre, mais l'Univers comme système organisé et peut-être même la divinité. À l'époque hellénistique, on trouve des images de Mithra représenté comme un jeune homme nu dans une guirlande ovale où sont figurés les douze signes du zodiaque. Sous l'Empire romain, le culte de Mithra était assez répandu. Comme d'autres cultes orientaux, il côtoyait le christianisme primitif : son image a ainsi pu être réutilisée pour représenter le Christ, par syncrétisme. Mais que vient faire là cette figure féminine à la place du Christ ? On pourrait presque y voir un blasphème. Sur la lame du tarot, elle aurait donc remplacé le Christ dans la mandorle dont le nom vient de l'italien mandorla qui signifie "amande". La femme est entourée de quatre figures : l'ange ou l'homme, l'aigle, le lion et le bœuf. Ils représentent couramment les quatre évangélistes mais ceux-ci apparaissent en fait dans la Bible dès Ézéchiel qui les associe à la manifestation même de la divinité. Est-ce donc elle qu'on appelle "le Monde" ? Ici, il s'agit sans doute d'une allégorie de la Gloire qui supplantera le Christ triomphal. En fait, la femme dans la mandorle n'est pas "le Monde" : elle a remplacé Dieu pour figurer la Gloire. Le monde est à elle.