Le mot "roue" vient du latin rota ; "fortune" vient de fortuna, mot latin qui signifie "sort, hasard, chance ou malchance" et qui, au pluriel, désigne les biens, les richesses. Apparu au XIIe siècle en français, ce mot désigne la puissance qui est censée distribuer le bonheur ou le malheur sans règle apparente. C'est au Moyen Âge que l'on va associer la roue cyclique du destin avec une figure de femme qui la meut pour donner : la "Roue de fortune". Dès l'antiquité grecque (550-470 avant J.-C.), le philosophe Anacréon écrit : "La vie humaine roule instable comme les rayons d'une roue de chariot." On peut y voir aussi le rouet des Parques sur lequel s'enroule le fil de la vie humaine, déroulé, tissé puis coupé par les sœurs du destin, la roue comme le rouet figurant des symboles évidents du caractère cyclique de la vie. Actuellement, nous avons tendance à associer à la Roue de Fortune une signification positive : la chance, la fortune dans le sens d'opportunité. Pour les auteurs anciens, il ne fait aucun doute que cette lame offre plutôt à méditer sur l'infortune humaine ; sa signification est sans doute négative comme le dit si bien le texte des Carmina Burana (XIIIe siècle) "O Fortuna" repris dans la cantate de Carl Orff : "Ô fortune qui changes d'état comme de lune : tu croîs et tu décrois alternativement. La vie détestable tantôt persiste, tantôt par jeu exerce la vaillance de l'âme, elle dissout comme de la glace soit la misère soit la puissance. Sort cruel et frivole, tu es une roue tournante." Une satire contre ceux que la fortune élève rapidement et qu'elle laisse retomber avec la même rapidité. De quoi méditer sur l'impermanence des choses.