Les trois athanors qui occupent le registre supérieur symbolisent cette trinité sous l'égide de laquelle le labourant devient philosophe par le feu. Le feu d'huile que préfère l'Adepte du Mutus Liber se montre la source idéale de chaleur égale, douce et humide, favorable à la putréfaction (nigredo).
Les deux femmes et le garçon expriment le soin qu'ils dépensent pour le bon fonctionnement de la lampe de chauffage. Il est nécessaire que la chaleur soit maintenue et bien réglée. C'est ainsi avec beaucoup d'adresse qu'on les voit simultanément enlever, aux ciseaux, la partie charbonnée de la mèche et remplir de combustible le réservoir. Cette phase porte aussi le nom de travail des femmes et de jeu d'enfants.
Successivement, les nombres VI, II et X, en chiffres romains, se rapportent aux couleurs dont les six premières sont celles du prisme et passent dans le noir. Cette série est suivie, au milieu de la coction, par la queue de paon et la blancheur. Ces deux stades colorés et la césure médiane sont marqués par le garçon et son chiffre II. C'est le point où la chaleur en progression doit désormais diminuer. S'ajoutant à ces couleurs, les deux dernières sont le jaune puis la rouge vraie, qui nous poussent au nombre X de la totalité. Le rouge terminant le prisme de la période ténébreuse fut toujours qualifié de faux, vis-à-vis du rubis final qui caractérise la Pierre ou Médecine Universelle ou bien aussi la Grande Cire Rouge.
Au troisième registre, sont offertes les deux parties de la coction dont la première se termine par la pierre au blanc, l'albedo (Petit Œuvre) et la deuxième par la pierre au rouge, le rubedo (Grand Œuvre) ; celle-ci caractérisée par le Soleil, celle-là par la Lune.
À l'intérieur des deux fourneaux, on voit le vase de nature fermé au cours des deux phases de la même cuisson, qui s'étendent chacune sur trois jours. C'est ce qu'indiquent, tout près des athanors, deux sphères circonscrivant chacune trois fois le signe alchimique de la journée : un tout petit cercle surmonté d'une tige prolongeant l'axe vertical. Les flammes qui lèchent l'œuf philosophal n'excèdent guère 400 degrés.
Dans le cadre inférieur, une main invisible renverse deux cupules au-dessus de deux disques à mince rebord que prolonge un manche à poignée. Un lourd filet s'en écoule qui couvre la plaque de gauche mais qui manque celle de droite et glisse à l'extérieur. Ici, la faute est grave que souligne la femme, deux doigts levés en imitation des cornes du diable. Là, c'est la réussite que l'homme montre de l'index. Les deux alchimistes portent la main gauche à la bouche exécutant le signe du silence.
Le flacon, au centre de la composition, est ouvert. Il contient le Mercure solaire que l'on reconnaît sous l'hiéroglyphe bien connu complété du point central qui fait, du cercle, le symbole de l'or et celui du Soleil.
Ces phases ultimes de l'Opus Magnum sont longues et l'alchimiste et sa femme doivent s'armer de patience. Tel est le sens de la devise qui ponctue leur discrète attitude : "Ora, Lege, Lege, Lege, Relege, Labora et Invenies" ("Prie, lis, lis, lis, relis, travaille et tu trouveras").