Les deux rosiers du frontispice renvoient à l'histoire de la transformation alchimique par la vertu de la rosée céleste (rosée en latin se dit ros). L'échange entre le céleste (l'esprit) et le terrestre (la matière) est symbolisé par le personnage profondément endormi, la tête posée sur une pierre brute, qui rappelle le songe prophétique du patriarche Jacob, au temps de la Genèse. Magophon dit de ce rocher qu'il incarne la matière - la materia prima -, c'est-à-dire le sujet de l'Œuvre.
Altus a disposé en majuscules les cinq mots de sa première ligne :
MUTUS LIBE R IN QUO TAMEN
qu'il faut lire - inquo étant pris pour inquio - à la manière d'un rébus anagrammatique :
SUM BETULI R INQUO TAMEN
soit : "Je suis l'air du bétyle, je parle néanmoins."
L'air est le mercure et bétyle, pour Altus, répond au béthel de Jacob, qui veut dire, en hébreu, la maison de Dieu.
Le bétyle s'identifie avec la pierre noire tombée du ciel, que dévora Saturne et qui possède la double vertu d'oracle et de divination. On la verra, brute d'abord, puis multiple et taillée dans l'Atalanta Fugiens de Michael Maïer.
Les montées et les descentes des deux anges, entre le ciel et la terre, sur l'échelle des philosophes, rappellent les sublimations répétées nécessaires à l'accomplissement de l'Œuvre dont le nombre est marqué au firmament nocturne par dix belles étoiles.