Cette planche ressemble à la 10ème avec quelques variantes significatives.
L'homme qui verse simultanément, sur chacun des plateaux de la balance, n'a plus que deux astériques du sel harmoniac dans le flacon de sa main droite. Pendant que de celui qu'il tient avec la main gauche est tombé un minuscule Soleil, au lieu et place de la corolle de l'or philosophique précédemment fournie.
Les deux petits signes irradiés qui sont restés dans le récipient constituent ensemble le fameux compost des anciens traités.
L'œuf philosophique, représenté sous l'aspect d'un ballon de chimie clos sur la flamme activée par l'alchimiste souffleur, est penché presque à l'horizontale pour sa fermeture. Le signe de l'harmoniac a disparu et la surface du bain mercuriel n'a pas changé alors qu'elle devrait être plane et perpendiculaire à la verticale. Ces deux indications concourrent à établir que l'ordinaire ballon des laboratoires n'est autre que le symbole de l'œuf, dans la composition duquel le mystérieux sel d'harmonie s'est trouvé absorbé.
Sur la 10ème planche, le Mercure philosophique gardait encore la mobilité du liquide quand, cependant, l'hiéroglyphe à huit rayons avait cessé d'être visible. Le Soufre incorporé se trouvait alors dans l'état végétatif signalé par l'églantine des Sages en son épanouissement. Stade premier de la rose future et triomphale, l'hermétique fleur est maintenant remplacée par le Soleil auquel elle a donné naissance.
Ce Soleil qui exprime à la fois le Soufre et l'or des Sages, dans le registre médian de cette planche, est remis par l'alchimiste et sa femme au sein de l'athanor. Excitée par la flamme externe, la vertu coagulante de ce Soufre solaire élève le Mercure à la plus grande fixité. Nous les retrouvons tous les deux, au bas de la page et à droite du fourneau philosophique, sous les traits de Diane et ceux d'Apollon.
À gauche, la cible est plus grande. Elle est constituée des quatre couleurs principales séparant les quatre phases de la coction.
Apollon montre, sur les courtes manches de son hoqueton, deux faces de lion qui expriment la réunion, en lui, du double principe sulfureux, c'est-à-dire des lions vert et rouge. Au revers des demi-bottes du dieu, on distingue les trois points que les Francs-maçons devaient emprunter au Grand Œuvre. Enfin, la corde de l'arc, qui est lâche sur la 10ème planche, est maintenant tendue de la manière idoine à rapprocher la cible par plus de précision.
Diane et Apollon, pour le lien magnétique, ont inverti la position de leurs mains réunies à plat, paume contre paume. Leur puissance qui est partie de la dizaine, par la dizaine encore se trouve chaque fois multipliée. Il s'agit donc, à la fin, de la multiplication qui est la phase terminale du Grand Œuvre.