L'opératrice a retourné le vase refroidi au-dessus du grand plat, tandis que son compagnon y verse le deuxième distillat conservé dans le gros matras à panse ronde.
Le mélange, introduit à l'aide d'un entonnoir dans le ballon vidé quelques instants auparavant, apparaît homogène : les quatre flocons blancs sont complètement dissipés.
Le mélange est reçu une seconde fois par le large plat qui est placé sur les longues flammes d'un feu trop violent pour être celui du tempéré bain de Marie.
Le four, dit à bassine, est éteint. L'alchimiste maintient l'ustensile tandis que sa partenaire écrème, enlève à la cuiller le stroma délicat figé à la surface. Le verre qui reçoit la couche sublimée nous montre, par sa transparence, le signe de l'ammoniaque sous la forme de l'astérisque désignant le très secret sel harmoniac.
Au registre inférieur, Saturne dévore un tout petit enfant, au sein des hautes flammes d'un brasier. Ce bambin est le Soufre. Première purification par le feu.
Suit une seconde purification avec le distillat. L'opérateur verse sur le dieu dévoreur le contenu d'un gros flacon ; la partie liquide qui est restée et qu'il a recueillie après l'écrémage.
Les quatre réitérations, par le fer et le sel, ont doté le Saturne des sages de la blancheur et de l'éclat réservés à la Lune, à Diane vierge (Luna) que figure une jeune femme dans sa robuste nudité. Elle tient la bouteille aux quatre signes étoilés dont le col est lié à la poignée du sabre ornée d'une tête d'oiseau évoquant la volatilité du dieu Mars.