Précisément après cette libération des israélites, Cyrus édicta son célèbre décret, considéré communément comme la première charte des droits de l'homme. Cette charte, gravée sur un cylindre d'argile découvert au XIXe siècle en Mésopotamie et aujourd'hui conservé au British Museum, accordait à tous les peuples de l'Empire une liberté totale de croyance, de langue et de coutumes : "J'ai accordé à tous les hommes la liberté d'adorer leurs propres dieux et ordonné que personne n'ait le droit de les maltraiter pour cela. J'ai ordonné qu'aucune maison ne soit détruite. J'ai garanti la paix, la tranquillité à tous les hommes. J'ai reconnu le droit à chacun à vivre en paix dans le pays de son choix..." Ainsi fut lancée ce qu'on pourrait appeler la première révolution humaniste et libératrice de l'histoire, une amorce de la laïcité.
Déjà, l'expérience de l'exil avait préparé des Juifs à la conception d'un Dieu qui n'est pas attaché à un territoire mais qui est présent dans le monde entier : la rencontre avec le monothéisme iranien leur permit de faire émerger la notion d'un Dieu véritablement universel, qui parle aussi bien aux rois étrangers qu'aux prophètes israélites. L'influence iranienne se fit également sentir dans la pratique rituelle : les règles de pureté, limitées dans la loi mosaïque aux officiants du temple et à ceux qui avaient à s'y rendre, furent étendues par Esdras à tous les aspects de la vie quotidienne des Juifs, "jusqu'à leur cuisine, leur chambre à coucher et dans les rues". C'est dans ce contexte iranien où le zoroastrisme, sous différentes formes, était religion d'État, que fut rédigé le Talmud de Babylone qui régit, jusqu'à aujourd'hui, la vie des Juifs religieux. En résumé, l'influence iranienne a pénétré le judaïsme talmudique dans ses aspects légaux, rituels et théologiques.
Le christianisme originel, né du judaïsme post biblique, a naturellement été influencé par ce dernier et donc par les éléments zoroastriens que nous venons d'évoquer.