Le monde et la condition humaine n'ont pas été créés de manière parfaite par Ahura Mazdâ et il subsiste encore beaucoup de choses à améliorer. Le rôle essentiel et primordial confié aux hommes et aux femmes sur cette terre - qui est d'ailleurs le but de leur création - est de collaborer avec Ahura Mazdâ afin d'améliorer et de faire progresser ce monde vers la Perfection. Autrement dit : "Ils répandront les vérités qu'ils ont acquises, [...] ils prépareront, par une action incessante et féconde, l'avènement d'une humanité meilleure et plus éclairée." L'heure du repos est loin d'être arrivée car l'acte créateur des humains, dans un espace donné, est le processus même par lequel l'humanité de demain se construit. C'est dans le présent que nous vivons, tout en sachant que nous ne faisons que passer et que notre existence est éphémère.
Le paradis et l'enfer des Gâthâs ne sont pas des lieux géographiques ou physiques, tout se déroule dans la conscience, la "bonne conscience" qui est, pour Zarathoustra, ce concept qu'il appelle daêna. La daêna est le miroir d'Ahura Mazdâ qui réfléchit la qualité des actes et la sincérité du cœur des êtres humains : "En elle, le défunt reconnaîtra sa véritable physionomie spirituelle. C'est elle aussi qui, à l'aube de la troisième nuit du décès, l'attend au Pont Chinvat, le "pont du Trieur". Ce pont est large pour le juste et étroit pour les méchants." Mais, ne serait-ce pas également notre véritable soi, notre miroir intérieur qui reflète la somme de nos pensées, de nos paroles et de nos actions au cours de notre vie ? Tout ce que nous pensons, disons et faisons est capté par ce miroir intérieur qui nous montre le rapport entre le bien et le mal qui existent en nous. L'enfer pour Zarathoustra n'est pas éternel puisque le Mal sera vaincu à la fin par le Bien et que, en outre, toute la création évolue sans cesse vers la Perfection : rien ne demeure inchangé, tout se transforme, même le mal qui ne restera pas toujours le mal ; la conscience du malfaisant, elle aussi, évoluera et sera un jour épurée.
Avant d'aborder une réflexion sur ce qu'est devenue la pensée de Zarathoustra, disons quelques mots sur sa mort et sur le rituel touchant aux défunts dans le zoroastrisme. Zarathoustra aurait été poignardé à l'âge de 77 ans par des Touraniens, nomades irréductibles et farouches opposants à l'agriculture, lors de la profanation du temple dans lequel il priait. Sa tombe n'a pas encore été découverte, mais certains indices laissent à croire qu'elle pourrait se trouver dans la ville de Mazar-e Sharif, dans le nord de l'Afghanistan.