Saint Jean sort de sa guérite entraîné par un ange qui lui montre la belle Prostituée, symbole des vices et des perversions de Babylone. Assise sur un monticule contourné par de grandes eaux, la créature blonde coiffe sa chevelure opulente et se regarde dans un miroir. Celui-ci ne reflète pas son joli visage mais une hideuse caricature, image de son âme impure.
Pour Ésaïe et Ézéchiel, la Prostituée fameuse, c'était Jérusalem qui avait rompu son alliance avec le Créateur. Pour l'exégèse officielle, la Prostituée, c'est Rome en raison de la simonie, de l'avidité et de l'ambition des Papes. Sur les tapisseries du château d'Angers, commandées pendant la guerre de Cent Ans, l'Anglais prend la place du Romain. D'un point de vue ésotérique, il s'agit d'une créature, d'un principe et d'un pouvoir autrement plus vaste, puisque atemporel. La Prostituée représente en fait l'illusion de la matière, du temps et de l'espace, la Maya des hindous et son jeu trompeur.
On retrouve, sur le fond bleu, la lettre Y évoquant le bivium pythagoricien que nous avons déjà rencontré en fond de la scène représentant l'Agneau égorgé.