III - Et comme toutes les choses sont et proviennent d'Un, par la méditation d'Un, ainsi toutes les choses sont nées de cette chose unique par adaptation.
Hermès précise que le Grand Œuvre est une imitation de la création divine du monde à partir du chaos. L'accent est mis sur l'Unité fondamentale. Cette "chose unique" rappelle deux concepts importants en alchimie :
- Un-le-Tout : c'est l'expression unitaire du monde qui est à la fois la Source, le Cosmos, la Nature vivante et changeante. Un-le-Tout est à la fois l'être et la cause de l'être : il est lui-même mais aussi le dépassement de lui-même
- La Quintessence : c'est la substance des substances, celle qui pénètre toute chose et assure la sympathie des éléments de l'ensemble.
La "chose unique" est donc à la fois créatrice et création, active et passive : elle dépasse tous les opposés, elle réconcilie tous les contraires. De là découle la perception alchimique de la dualité déjà évoquée avec le "haut" et le "bas".
Les physiciens actuels nous ont familiarisés avec un schéma d'organisation de l'univers qui ne contredit pas l'affirmation de la Table d'Émeraude. À l'origine, avant que n'apparaissent les galaxies et les étoiles au sein des galaxies, avant que les atomes n'accomplissent leur différenciation par la fusion nucléaire au sein des étoiles, il y aurait eu de vastes nuages du gaz que nous appelons hydrogène dont le numéro atomique est égal à 1, le plus léger de tous les éléments chimiques puisqu'il est constitué seulement d'un proton et d'un électron. Pour l'astrophysicien moderne, l'hydrogène est la matière première de l'univers, les autres corps ayant été obtenus par une densification progressive de celle-ci. Je ne m'aventurerai pas plus longuemement dans ce genre d'hypothèses, à la considération desquelles il faudrait ajouter que la matière elle-même, fût-elle gazeuse, n'est peut-être qu'un aspect de l'Énergie première envisagée comme vibration périodique, c'est-à-dire comme une onde sonore ou visuelle, soit comme Verbe, soit comme Lumière, selon les enseignements du prologue de Saint-Jean. On aperçoit d'ailleurs que la physique n'est que le spectre visible ou audible des grandes questions métaphysiques qui motivent et appellent notre recherche.