V - Le Père de tout, le Thélème du monde universel est ici. Sa force ou puissance reste entière, si elle est convertie en terre.
Dans la première moitié du XIVe siècle, l'Hortulain, alchimiste dont on ne sait presque rien, interprète le "Thélème" comme "secret" ou "trésor". Le "Thélème" c'est l'"anima mundi", ou mieux le "spiritus mundi", "l'esprit du monde", la volonté divine, le principe de tout ce qui vit, c'est-à-dire de tout ce qui est puisque, nous venons de le voir, tout ce qui est participe de quelque façon que ce soit à la positivité de la vie. Et ainsi, la mort n'aurait pas d'existence substantielle, la mort n'étant que la disparition d'une apparence en vue de la constitution d'une autre apparence.
Il n'y a donc pas de chronologie certaine dans le Grand Œuvre : "l'esprit du monde" est la quintessence ou l'essence de tout ce qui est, à la fois l'origine de la différenciation élémentaire et le résultat de celle-ci. "L'esprit du monde" est la fin et le commencement suivant la parole de l'Évangile appliquée à cette autre "pierre" que fut le Christ, "celle que l'on avait rejetée". Il convient, en effet, de rappeler que le Christ est, pour l'alchimiste, une manière de "lapis philosophorum" ou de Pierre philosophale. Ainsi, le Thélème est l'Alpha et l'Omega. La Table d'Émeraude évoque un système où toute chose causée est en même temps causante, où la "Nature", comme dirait Spinoza, est à la fois naturée et naturante. Ainsi, les catégories du temps ordinaire où il y a "un avant" et "un après" s'abolissent dans le Grand Œuvre. Il ne reste plus, peut-être, qu'un "éternel" présent : "Le Père de tout, le Thélème du monde universel est ici."