L'auteur de cette version en couleur du Mutus Liber n'a pas été fidèle à l'édition princeps d'Altus parue à La Rochelle en 1677. Nous aurons l'occasion d'y revenir à plusieurs reprises lors du commentaire de chacune des quinze planches de cet opus.
Par rapport à l'édition de La Rochelle, nous constatons les différences suivantes :
• Les deux branches du rosier étaient à peu près circulaires, tandis que nous les voyons ici fortement écrasées dans leur largeur. À l'origine, échelle et rosiers formaient le symbole du Sel dans le même temps où les anges précisaient sa qualité double.
• Altus avait disposé différemment les cinq mots de sa première ligne en rejetant à droite de l'échelle philosophique le "R" du mot "LIBER", ce qui a été interprété par Eugène Canseliet dans son commentaire.
Les trompettes, instruments de cuivre, sont une allusion à Vénus, c'est-à-dire à la vibration céleste par ailleurs dénommée Verbe. La parole s'adresse au sujet de l'Œuvre, à Jacob figé dans sa léthargie. Cette terre des philosophes est appelée à devenir la terre philosophale dont la rougeur présage le lever proche de l'astre.
La position contradictoire de la Lune (dernier quartier) donne le sentiment que nous sommes en présence du miroir de nature, ce qui expliquerait son retournement. Voilà aussi pourquoi les trois références à la Bible doivent être lues de droite à gauche... ou dans un miroir.