Dans les Gâthâs, Ahura Mazdâ occupe la première place. Il est bon et saint. Il a créé le monde par la pensée ce qui équivaut à une creatio ex nihilo. Zarathoustra déclare avoir "reconnu" Ahura Mazdâ "par la pensée", "comme le premier et le dernier", c'est-à-dire en tant que le commencement et la fin. L'Alpha et l'Omega en quelque sorte. Contrairement aux connaissances que l'on acquiert, la sagesse est innée et ne demande qu'à être développée. L'essentiel de la réforme zoroastrienne consiste donc dans une imitatio dei. L'homme est sommé de suivre l'exemple d'Ahura Mazdâ, mais il est libre de son choix. Il ne se sent pas l'esclave ou le Serviteur de Dieu comme c'était le cas à Babylone, en Mésopotamie, au temps de Gilgamesh.
La théologie de Zarathoustra n'est pas "dualiste" dans le sens strict du terme. Le Bien et le Mal, le saint et le démon destructeur procèdent d'Ahura Mazdâ qui, dans son omniscience, savait dès le début quel serait le choix de Ahriman, l'Esprit Destructeur. Et pourtant, il ne l'a pas empêché ; ce qui peut signifier soit que Dieu transcende toutes sortes de contradictions, soit que l'existence du Mal constitue la condition préalable de la liberté humaine.
Poursuivant son chemin avec ses questionnements et ses doutes, Zarathoustra découvre une des lois fondamentales de l'existence : celle de la dichotomie des forces et des phénomènes. Le bien est identifié comme tel puisque le mal existe, la lumière est connue parce que les ténèbres existent, la vérité est reconnue parce que le mensonge existe. Dans le langage zoroastrien, "les ténèbres ne sont que l'absence de la lumière", autrement dit, les ténèbres en soi n'ont pas d'existence propre. De même que "le mensonge n'est que l'absence de la Justesse". Zarathoustra insiste constamment sur le fait qu'"on ne combat pas le trompeur mais la tromperie en lui, comme on ne combat pas l'ennemi mais l'animosité en lui". Pour lui, la liberté de choix entre le bien et le mal se situe clairement au niveau de la pensée et de la conscience. En pensée, nous sommes totalement libres d'agir comme nous le voulons, de manière bonne ou mauvaise, juste ou injuste, constructive ou destructrice, évolutive ou stagnante. Le monde de la pensée est le lieu où s'exerce véritablement le libre arbitre. Cependant, cette liberté de choisir a également pour conséquence que chacun est responsable de son bonheur ou de son malheur. Cette responsabilité donne un sens à l'existence des êtres humains qui est de réaliser une vie heureuse.