Ainsi, huit siècles après avoir enchanté et nourri les rêves du poète médiéval Chrétien de Troyes, dont les récits se nourrissent de contes et de lais celtiques, le Graal nous fascine toujours par son mystère. Cratère de l'initiation dans la tradition primitive, Chaudron magique dans la tradition celtique, "Parole perdue" dans la tradition maçonnique, souvent identifié à la Sagesse ou au Mercure alchimique (tout comme la Table d'Émeraude d'Hermès Trismégiste), ce symbole, d'une si grande richesse, ne désignerait-il pas tout simplement le trésor caché dans l'âme humaine ? Drame spécifique de l'ère chrétienne, "l'Ère des Poissons", la quête du Graal constitue aussi et surtout une image de cette lente et douloureuse maturation intérieure que Jung appelle le processus d'individuation. Se mettre en quête, ne serait-ce pas, en définitive, s'ouvrir à la réalisation du Soi autrement dit accueillir dans son temple intérieur l'incarnation de la divinité ?