Le prêcheur entonne à son tour les chants funèbres. Les fidèles reproduisent, revivent alors, par une série de rituels, ce qui peut être considéré comme un mythe fondateur du shi'isme : le martyre de Hossein, petit-fils du prophète Mahomet et fils cadet du premier imam, Ali. L'historiographie regorge de détails se rapportant à chaque épisode de cet événement qui, mythifié, soude la communauté autour de valeurs morales communes et forge sa mémoire collective. C'est aussi le paradigme du sacrifice de soi, de la lutte entre le bien et le mal, le combat contre l'oppression et l'injustice. Enfin, il symbolise la défense de l'idéal de l'islam shi'ite duodécimain chez qui la guerre est interdite, à l'exception d'un retour du douzième imam sur Terre. En son absence, aucun peuple musulman ne peut lancer une guerre d'agression ; il est uniquement permis d'entreprendre des guerres défensives pour défendre l'islam : le djihad ou la guerre sainte.