Fulcanelli nous rapporte que Louis d'Estissac, contemporain de Rabelais, voulut consacrer à l'alchimie une demeure digne d'elle où se trouveraient, habilement répartis et dissimulés avec soin, les signes secrets qui avaient guidé ses travaux. Ainsi naquit le château de Coulonges-sur-l'Autize dont la construction exigea 26 années, de 1542 à 1568.

Au XIXe siècle, le mobilier, les porches, les pierres sculptées, les plafonds et jusqu'aux tourelles d'angle, tout a été dispersé.

Aujourd'hui, le château abrite la mairie de Coulonges-sur-l'Autize.

Il est probable qu'en interdisant l'usage de l'imprimerie, par ses lettres de patentes de 1537, François Ier fut le promoteur inconscient d'un nouvel essor symbolique. La pierre se substitue au parchemin et l'ornementation sculptée vient au secours de l'impression prohibée pour promouvoir la vieille alchimie.

Tour à tour persécutés par l'Église catholique et protégés par certains rois tels que Louis XI et François Ier, les alchimistes médiévaux, héritiers d'un savoir millénaire, ont transmis leurs secrets dans une langue codée, les sculptant dans la pierre de certains châteaux.

En naissant nous mourons chaque jour ou Pour produire, nous mourons chaque jour ?

D'abord simple métairie, le château de Terre-Neuve, l'un des plus beaux de Vendée, a été construit en 1580 par l'architecte Jean Morison pour son ami Nicolas Rapin, Grand Prévôt de la Connétablie de France et compagnon du roi Henri IV.

Mérelles : Les coquilles Saint-Jacques sont appelées aussi bénitiers parce qu'on y conserve l'eau bénite ou benoite, qualification que les Anciens ont appliquée à l'eau mercurielle. Les philosophes la nomment Mérelle, des mots grecs signifiant mère de la lumière.

Rebis : Le couple alchimique veut s'unir pour engendrer un fils, un roi (le rebis) "à la tête rouge, aux yeux noirs, aux pieds blancs : car c'est là la maîtrise de l'art", selon le Donum Dei. La seconde mortification donne naissance au rebis hermétique autrement appelé androgyne philosophique. La coction transforme d'abord le mercure double en soufre blanc, demi-fixe et fusible sous l'action du feu élémentaire. L'opération reprise et poursuivie conduit aux grandes réalisations finales représentées par deux roses qui marquent le résultat des deux Magistères, petit et grand : Médecine blanche et Pierre rouge.

Œuf philosophal : L'œuf indique que, des quatre éléments représentés par la coquille (la terre), le blanc (l'eau), la très fine membrane qui est sous la coquille (l'air) et le jaune (le feu), naît le cinquième élément, la quintessence : c'est le poussin ou le lapis. L'œuf du phénix, qui est notre œuf philosophique, reproduit l'aigle fabuleux d'Hermès, au plumage teint de toutes les couleurs de l'Œuvre, mais parmi lesquelles domine le rouge, ainsi que le veut son nom grec : rouge pourpre.

Croix de Saint-André : Elle a la forme de notre X français et traduit le nombre complet de l'Œuvre, car l'unité, les deux natures, les trois principes et les quatre éléments donnent la double quintessence, les deux V accolés dans le chiffre romain X, du nombre dix. Dans ce chiffre se trouve la base de la Cabale de Pythagore. La Croix grecque et la Croix de Saint-André représentent, dans le domaine alchimique, le creuset de fusion que les potiers marquaient toujours d'une petite croix (crucibulum), indice de bonne fabrication et de solidité éprouvée. Le X traduit aussi le sel ammoniac des Sages, ou Sel d'Ammon, c'est-à-dire du Bélier, que l'on écrivait jadis avec plus de vérité harmoniac, parce qu'il réalise l'harmonie, l'accord de l'eau et du feu, qu'il est le médiateur par excellence entre le ciel et la terre, l'esprit et le corps, le volatil et le fixe.

Cornes d'abondance : Elles traduisent les richesses matérielles que la possession de Mercure assure aux bons Artistes.

Sceau de Salomon : Le six, nombre de jours de la création, symbolise l'opus et le mouvement giratoire qui lui est propre. Le Sceau de Salomon, figure géométrique résultant de l'assemblage des triangles du feu et de l'eau, confirme l'union du ciel et de la terre. Les deux triangles du feu et de l'eau superposés forment l'image de l'astre aux six rayons, marque certaine d'union, de pacification et de création, car étoile (stella) signifie fixation du soleil. Lorsque ces deux triangles se pénètrent pour former l'hexagramme, le symbole majeur de tout l'univers, l'Œuvre est consommée.

Rose hermétique : Du latin Ros : tau, rosée et Rosa : la rose, nom d'emprunt pour le tartre. La rose mystique (rosa hermetica), fleur du Grand Œuvre, est plus connue sous le nom de pierre philosophale.

Le château de Terre-Neuve présente de superbes plafonds à caissons de pierre sculptés et deux cheminées monumentales d'époque Renaissance que nous allons étudier en nous référant à l'ouvrage de Fulcanelli, Les demeures philosophales, paru à la Société Nouvelle des Éditions Pauvert.

Caissons supérieurs :

À gauche : Un enfant nu, dans un ovale, tenant un serpent dans chaque main (Hercule ?). Les quatre éléments sont symbolisés par une tête de clou et l'on note deux croissants de lune, en tête et en pied de la composition. Les deux petits personnages en toge, à gauche et à droite de l'enfant aux serpents, présentent, au-dessous d'eux, une fleur en bouton à dextre et une fleur épanouie à senestre.

Au centre : Une fleur à neuf pétales (Rose hermétique ?) au centre d'un cercle, symbole de l'or avec, de part et d'autre, incrustés dans des demi-lunes, en miroir, deux visages de profil sur lesquels coule une larme. Deux angelots complètent la composition.