Un labyrinthe qui s'enfonce comme une vrille dans le ventre de la terre, c'est ce que Jacques Warminski a réussi à creuser dans le calcaire de l'Orbière à Saint-Georges-des-Sept-Voies en Maine-et-Loire.

Cinq ans à creuser le tuffeau, à modeler des formes pour que le corps des visiteurs épouse les volumes et que la terre devienne charnelle.

La surface des parois de ce labyrinthe est criblée de petits trous, qui correspondent à des silhouettes anthropomorphiques, mais aussi de signes cubiques, carrés et ronds qui créent un mystérieux langage auquel succombe très vite le visiteur.

L'entrée du domaine est signalée par des humains aplatis par un rouleau compresseur, peints en jaune et bleu, et surmontés d'un axe portant des rubans plats, bleus également, qui ajoutent une dimension sonore grâce à leur vibration dans le vent : "Écoute le vent, mon gars, écoute-le chanter dans les câbles". Jacques Warminski matérialisait le son du vent avec des bolducs pour créer, disait-il "une harpe éolienne", souvenir de son installation éphémère, Harpes éoliennes de 10 000 mètres de bolducs, réalisée en 1977.

L'Hélice terrestre est édifiée selon le principe que toute structure a son revers. En écho aux formes concaves des parties souterraines, offertes aux mystères de la nuit, émergent les formes convexes de l'Amphi-sculpture ouvertes aux clartés de la lune et du soleil.

Les deux espaces sont articulés de manière hélicoïdale. En allant de l'un à l'autre, le spectateur participe à la double expérience de l'enfermement et du dégagement.

Le créateur de l'Hélice terrestre, Jacques Warminski, est l'un des derniers archisculpteurs du XXe siècle. Né à Angers le 18 mars 1946, formé à l'école Boulle, il s'installe au hameau de l'Orbière en 1989 où il meurt le 4 novembre 1996 d'une rupture d'anévrisme.

Le lieu-dit l'Orbière, à Saint-Georges-des-Sept-Voies, est un village troglodyte habité par cinq familles jusqu'en 1940. Il est à l'abandon dans les années 1960 lorsque Jacques Warminski, jeune artiste, commençe à s'y intéresser.

De 1990 à 1994, il développe une Archi-sculpture à la fois souterraine et de plein air, en creux et en relief, dans chacune des cinq "caves demeurantes" rachetées patiemment.

Jacques Warminski peuple la plus grande des salles de figures humaines rampantes, plaquées sur les courbes de la cavité par traitement des parois évidées. Figures abstraites, aux formes acrobatiques, à la surface squameuse de reptiles.

Il creuse également une alvéole ovoïde de 3,14 mètres (pi) de diamètre, dont le rayon, 1,57 mètre, donne la hauteur de l'oreille de la moyenne des êtres humains et crée un écho immédiat. Cette surprenante qualité acoustique amplifie les cris et les murmures qui se répercutent à l'infini.